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16 décembre 2008 2 16 /12 /décembre /2008 19:02

 

 

 

(la première photo de Doris reçue par mail ! quel bonneur!  amitié, Laurent)

 

 

Non, pas "celle qu'on voit danser le long des golfes clairs" ,

Non, LA MÈRE, la maman, la seule, l'unique.
En Afrique, quand un homme dit " ma maman ", il a tout dit. La maman, celle qui lui a donné la vie ou qui l'a élevé depuis la naissance le guidera, le conseillera, l'épaulera toute sa vie de ses bénédictions.
Elle est le pilier de sa vie, sa raison de vivre, son unique préoccupation. Elle est tout pour lui, bien plus que sa femme ou ses propres enfants.
Il la protège, la surveille, lui offre tout ce qu'il peut de plus beau, selon ses moyens, beaux tissus, gâteries, menue monnaie ...
Et quand elle ne peut plus ni faire le couscous, ni piocher dans son jardin, ni porter le bois pour cuisiner, ni le seau d'eau pour se laver, alors on l'assoit à l'ombre, là où il fait le plus frais.
On l'accompagne dans sa marche hésitante. Sa vue est devenue floue et ses articulations ne la portent plus très loin. Mais elle est là .
Tous les voisins viennent la saluer tous les jours, tous les petits enfants viennent se réfugier dans les plis de ses grands boubous.
Le premier verre de thé est pour elle, ses enfants à tour de rôle lui apportent les repas, matin, midi et soir, à boire de l'eau du canari frais, la déplacent ou la couvrent.
Elle n'est jamais seule, elle console, elle conseille encore, elle gronde parfois et elle raconte des histoires . 
Son visage est marqué et sillonné par une dure vie de labeur au soleil.
Sa peau trop sèche se fend, ses genoux lâchent, mas jamais elle ne se plaint. 
Un homme m'a dit:
" Nous, on croit à la bénédiction de la maman. Jamais je ne pourrai m'éloigner d'elle " 
 
 
MA MÈRE
 
Un jour, une "amie" m'a demandé, voyant que j'allais souvent auprès de ma mère , âgée de 97ans, aveugle et dans un fauteuil roulant:
" Mais pourquoi te préoccupes-tu tant de ta mère ? "
 
Voilà ce que je lui ai répondu :
 
 
J'ai pris conscience, en côtoyant journellement
  la vieillesse,
  la décrépitude,
  la dégénérescence,
  la puanteur,
  les portes de la mort,

J'ai pris conscience,
  de la futilité ordinaire,
  du prix de chaque instant,
  de la valeur de la vie,

Maintenant, il y a ceux qui savent
  et ceux qui ne savent pas,
  ceux qui ont vu
  et ceux qui ignorent...

Cette réalité morbide des maisons de retraite,
  Cette solitude dans la folie,
  Ce non-amour des vieux .

 
Sur un autre continent, les vieilles mères meurent dans la rue.
J'irai m'occuper de
celles qui meurent de manque d'amour,elles qui en ont tant à donner
celles qui meurent sur le trottoir parce qu'elles ne sont plus rentables
celles qui sont trop vieilles pour s'occuper de quoique ce soit ou de qui que ce soit
celles dont les corps décharnés n'ont plus la force de protester
celles dont la vie de labeur a sillonné le visage
celles dont les souffrances sans larmes ont tordu le corps
celles dont le regard est déjà dans une autre lumière
celles dont la mémoire ne se souvient plus
celles dont les paroles ...
celles dont ...
celles...
 

je les prendrai dans mes bras ...jusqu'à l'infini ...

 

http://picasaweb.google.com/doris.lacombe

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commentaires

S
Bravo Doris quel bel exemple d'humilité,serais-ce à propos de ce que je te rapporte de là ou tu sais,et de la personne concernée??...moi, cette personne me tient beaucoup à coeur... je serais contente de te lire personnellement,je voudrais ton accord,
Répondre
D
<br /> oui, et merci de ce que tu fais<br /> bises<br /> <br /> <br />
N
Quel magnifique article ! cette prise de conscience m'a émue..<br /> <br /> La photo est magnifique de surcroît..
Répondre
D
<br /> merci beaucoup<br /> et bonne année<br /> <br /> <br />

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