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13 février 2008 3 13 /02 /février /2008 17:32
      
Je dédie cet article à mon petit-fils SWAN (son premier jour dans le teenage) et à mon ami Pierre Saussus, grand spécialiste de l'OR et éminent philatéliste .
 

     Une fois de plus, je suis la seule femme blanche à avoir foulé le sol de ce site unique et incroyable !
     Sur la piste qui traverse montagnes, forêts, rapides, sable et rochers, Sur la moto de Faya qui saute et tressaute, je me suis surprise à chanter : "A-I, A-O, quand on r'vient du boulot..." etc... vous vous souvenez de la chanson des Petits Nains de Blanche-Neige ?
      Après 35 km et 1h3/4 de trajet, l'inattendu du lieu vous surprend dans un dernier sursaut: des milliers de cases en paille, telles de petits chapeaux posés dans un désordre incontrôlé sur la pente de la montagne s'étalent à perte de vue. Dans la lumière du soleil couchant la paille prend une couleur dorée. Ne sommes-nous pas au pays de l'OR ?






                                                                
Nous avançons difficilement entre deux rangées de petites boutiques au milieu d'une foule de femmes, d'enfants, d'hommes couverts de boue blanchâtre ou ocre. Il y a de tout à Rangaya : des légumes, plus beaux qu'à Diatiféré, des marmites, des bols émaillés ou en plastique, des habits, des épices, de la vaisselle, des pelles, des pioches, des seaux, des bonnets de laine bien alignés, des blousons bien chauds,  des bottes, des tongs, et bien sûr, les "peseurs d'OR" assis par terre, leurs "fanfas" étalés devant eux : ce sont de petits récipients en alu, en forme de poire allongée avec une extrémité ouverte, où l'on dépose les pépites ou la poussière d'or à peser. Tout est petit : la balance, les poids, les petits grammes d'or. Ce sont les femmes essentiellement qui viennent troquer contre quelques billets ce qu'elles ont trouvé en lavant du matin au soir la boue de la rivière .
                                                               

                                                                 

 
A la fin de cette ville , apparaît la vallée où les hommes creusent. C'est l'heure de la "descente" et nous ,nous remontons et croisons des centaines d'hommes harassés. On dirait des forçats d'un autre temps. Pelle ou pioche sur l'épaule, ils me regardent, intrigués.

                            
 
                                                                                                                                           
                                                                                                                  
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         
Certains disent que je viens leur montrer où se trouvent les filons, d'autres m'agressent verbalement m'interdisant même de prendre des photos : ils ont peur que je dévoile leur site en Europe !!! Certains me suivent dans mon ascension espérant comprendre et surprendre le but de ma visite. Comme je suis avec Faya, le fils de mon logeur à Diatiféré, qui lui aussi exploite une concession, (je crois bien qu'il en a trouvé de l'or, mais chut, c'est un secret...) tous pensent que c'est à lui que je vais indiquer le bon filon ! Je leur explique que je ne connais rien à l'or, ni aux mines et que je ne suis pas une sorcière ! J'aimerais bien sortir mon pendule et mon GPS, quand même ! Alors, Faya et  moi, montons encore plus haut dans la vallée, là où les excavations sont très profondes et, à l'abri des regards indiscrets je relève le point GPS et explique à Faya le principe du pendule mais que je ne suis pas une spécialiste en la matière... Il faudrait une carte d'état major par exemple. On me montre un vallon sur la gauche exploités par des Russes  en 1993. Comme au bout d'un an ils ont touvé beaucoup d'or, paraît-il, ils sont partis rapidement ! Des diamants aussi ont été trouvés. Alors tout le monde s'est précipité et y est resté ...

 
Vous connaissez " La Ruée vers l'OR ?

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 08:43
Encore une petite histoire vécue qui fait suite au feu de brousse qui a failli m'engloutir et qui explique mes ampoules aux talons et l'inflammation des métatarsiens.
Après cet épisode plus que traumatisant, j'ai donc repris la piste en direction de Koukoutamba. Il était 15 heures et d'après mes calculs j'avais encore 5 ou 6 km et deux heures de marche maximum.
Une première fois déjà je me suis égarée et deux jeunes à vélo m'ont remis dans la bonne direction. A travers la forêt dense, les feuilles mortes qui jonchent le sol,ce n'est pas facile de trouver "une piste" !
A 17 h effectivement j'étais à 5OO m de Koukoutamba , mais je ne le savais malheureusement pas…
Je faisais donc une petite pause près de deux cases de pêcheurs fermées à un carrefour de plusieurs pistes avec des traces d'ornières de camion. On m'avait parlé d'un "carrefour routier" important!
Et à partir de là, la fatigue aidant, j'ai commencé à penser et agir de travers et à accumuler les erreurs.
 
   1)  A 17h, je n'aurais pas du quitter ce refuge que formaient les deux cases. Il était déjà trop tard pour repartir.

   2)  J'entendais de grands coups métalliques et j'aurais du m'y diriger : coups = humains !
(j'ai su plus tard que des ouvriers réparaient ce fameux bac vieux de 44 ans et en panne)

   3)  Mon premier point GPS me situait près des célèbres chutes de Koukoutamba. Mais les bruits résonnant en écho sur les montagnes environnantes, je ne pouvais les situer.

   4)  Trois types poussant leur vélo sont sortis du bas de la colline où je me trouvais. Je les ai appelé, j'ai crié : "Koukoutamba" ? Ils n'ont même pas daigné me regarder encore moins me répondre. Ils ont eu peur du "singe blanc" et cru voir surgir le diable. Et j'ai raisonné tout faux en me disant qu'ils allaient bien quelque part, au lieu de voir d'où ils venaient !

   5)  Je suis partie sur cette large piste, vers l'est, à l'opposé de Koukoutamba.

   Rien, pas un village, pas âme qui vive. Seul un troupeau de vaches a daigné me regarder, j'ai vu qu'elles me "souriaient" et je me suis dit que je pourrais passer la nuit près d'elles, mais non, elles ont coupé à travers bois et disparu.  
   Un nouveau point GPS me situe sur la "route" de Kalinko, 18 km. Je décide donc de faire demi-tour, Il est 18h30, dans une demi-heure il va faire nuit et il faut refaire les 6 ou 8 km dans l'autre sens jusqu'aux cases où je pourrai passer la nuit.
    J'avale ces km au pas de course, enfin presque, la nuit est là, elle tombe très vite sous les tropiques! Mais il y a la pleine lune, merci Madame la Lune !!!
Je n'ai pas peur, non, mais, je marche au milieu de la piste, ce n'est pas évident quand on n'a jamais passé une nuit seule et en pleine brousse !!! Donc, prudence et j'ouvre grand mes oreilles. Mais il y a FOYE ! Rien que ces grillons genre "réveil qui sonne "qui me poursuivent depuis des km et des km ! Ca, c'est stressant !
   J'ai fait OUF ! Quand je suis arrivée aux deux cases: même fermées c'était plus rassurant avec l'espace dégagé et le grand feu... de joie, que j'ai eu vite fait d'allumer ! Je me disais que mon feu serait repéré et intriguerait peut-être quelqu'un ?
   J'étais plongée dans mes pensées et méditais sur mes erreurs, lorsque j'entends derrière moi un "DIARAMA" (bonsoir en poular, la langue de l'ethnie peulh) qui me fait sursauter ! A la lueur des flammes, je vois un homme avec un bonnet rouge et un fusil sur l'épaule, chargé d'un vieux sac et d'un bidon jaune, aussi étonné que moi. Je lui aurais sauté au cou, j'étais "sauvée" ! 
--gauche--SOW-mon-sauveur.jpg
  
   C'était un berger qui revenait au village que je cherchais. Il me dit : "Koukoutamba un demi-kilo" ? Je n'étais qu'à 500 m du village ! Mais personne ne m'avait dit qu'il fallait traverser le Bafing par le bac, enfin quand  il fonctionne !
   Alors, il s'assoit à côté de moi et se met à crier, plutôt à hurler des sons incompréhensibles qui se répercutent en écho sur les montagnes environnantes. Impressionnant dans cette nuit tropicale, exactement sous les étoiles ! Je croyais qu'il allait ouvrir une case et qu'on dormirait là. Mais non, pas du tout ! Au bout d'un long moment, une demi-heure environ, le même cri lui a répondu de très très loin. Puis il me dit : "Allez, on y va". Moi, docile, je remets mon sac à dos, (heureusement que je n'avais pas enlevé mes chaussures...) et à 100 m de là, nous attend un gars dans une pirogue, ou plutôt un tronc d'arbre creusé, pour traverser le fleuve. Vous imaginez mon étonnement. Sans poser de questions, il ne faut jamais poser de questions ! Je m'accroupis bien au milieu de la pirogue et en quelques coups de rame, nous sommes de l'autre côté ! Encore 300 m et voilà Koukoutamba, petit village de quelques dizaines de cases, comme les dizaines que j'ai traversés! Rien, ni routes, ni lumières, ni camions, ni téléphone !!! Les africains sont très affabulateurs et menteurs, si, si c'est leur nature, ils ne savent pas dire NON  et on se fait souvent prendre au piège.
  On m'amène près d'un feu autour duquel des jeunes gens discutent et rigolent. A mon arrivée, le silence se fait, la surprise est générale : une femme blanche en pleine nuit et SEULE ! Plusieurs parlent français, j'explique d'où je viens, mon histoire !!! Et ce sont des AHHH, OHHH, HEINNN, on m'apporte du lait caillé, de la pâte d'arachides, de l'eau fraîche (je n'ai même pas pensé à demander d'où provenait l'eau !!!)
   Un jeune homme érudit, bien élevé et tout et tout, me donne sa case où je m'installe après avoir lavé mes jambes noircies par le feu et soigné mes pieds,
enflammés, douloureux .
  Cette journée, avec plus de 35 km et des émotions fortes explique mes ampoules infectées sur les côtés des talons, les métatarses tassés et fissuré pour le droit.
Le lendemain, j'avais de la fièvre et des ganglions.

Dans cette même nuit, un enfant est né , celui de mon sauveur...


 
 
 

                                     


 
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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 19:41

Eh oui, je pensais que ma route de DIATIFERE à MAMOU, coulerait "de source" !!!
Eh bien non, il y avait 4 tronçons et non 3. Et à chaque fin de tronçon, je suis arrêtée dans ma progression!
Résumons :

1er TRONCON : BAFOULABE-MANANTALI


A l'arrivée, crise de paludisme et inflammation du métatarse gauche : 2 semaines et demi de repos !


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                                                      sur le lac en pinasse

2ème TRONCON : MANANTALI-DIATIFERE


3 semaines d'arrêt pour cause d'ampoules et inflammation du métatarse


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3ème TRONCON : DIATIFERE-KOUKOUTAMBA
 

Là, ce n'était pas prévu du tout ! Des ampoules sur l'extérieur des deux talons et inflammation des deux métatarses, plus une fissure du métatarse droit! Dommage, j'y étais presque, à la source.

  J'ai décidé d'aller à Conakry, après une semaine à KOUKOUTAMBA, n'ayant presque plus d'antiinflammatoires et n'ayant rien à faire sur place. J'ai eu la chance de trouver un super 4X4 climatisé pour faire les 8h de pistes et routes diverses et variées, entre Kalinko et Conakry. J'y ai trouvé le rédacteur de Radio Kankan, mon ami Mohamed SYLLA. 
Je vous invite à aller visiter leur site
http://www.radio-kankan.com/
 Je suis logée chez une amie rencontrée à Diatiféré, une commerçante guinéenne, Amy NDIAYE, je l'attends avec impatience, elle ne sait pas que je suis arrivée avant elle, il faut vous dire qu'il n'y a pas de réseau de téléphone en Guinée, dans les brousses.

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                                                    Mon amie Amy

4ème TRONCON : KOUKOUTAMBA-LA SOURCE

A mon retour de CONAKRY où je suis allée me refaire des pieds, ce sera le final et en beauté !

Je me fais accompagner de Alhassane, qui me servira de "porteur", mon métatarse droit étant encore fragile . 

Nous atteindrons la source le 17 mars 2008. (voir les articles sur ce sujet)

                     

 

 


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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 19:20

       Mais cette fois c'est du vrai feu dont il s'agit, de celui qui détruit tout .
Fascinant, hypnotisant, il peut réchauffer les coeurs et les esprits, le soir à la veillée, sous les étoiles exactement...
     Mais aussi et surtout, il est désolation et destruction quand les feux de brousse ruinent tout sur leur passage. Du nord au sud, la Guinée n'est qu'un immense brasier.
    Les paysages somptueux, grandioses, inattendus, arides ou flamboyants, desséchés ou florissants, oasis ou savanes, palmeraies ou vergers, forêts vierges ou simples herbes jaunies, sont toujours et partout entâchés de ces feux volontaires, destructeurs de magnifiques écosystèmes en voie de perdition.



La fumée acide, âcre emplit les vallées d'un brouillard qui aveugle et voile les montagnes d'un pâle film uniforme. Plus de reliefs, plus de profondeurs, plus de couleurs. Des copeaux de cendre virevoltent sur la piste et la crainte de me voir cernée par les flammes incontôlables et incontrôlées attise ma vigilance et mes sens.
  En ce dimanche 20 janvier, juste en haut, de l'autre côté de la colline, la piste débouche sur un feu gigantesque, imprévisible, un rideau de fumée, des fumerolles et des flammes partout crépitent grésillent et dévorent tout. L'immense et touffue forêt sur ma gauche dégage une fumée noire qui monte très haut dans un bruit d'enfer, de craquements, de douleurs et je stoppe net.
  J'observe ahurie et anéantie ce spectacle de mauvais goût tout en repérant un point de repli en cas de brusque changement d'orientation du vent: une grande parcelle déjà brûlée pourra faire l'affaire . Je n'ai pas peur, je suis entièrement concentrée sur ce qui m'entoure .
  Je décide d'avancer repérant le tout petit chemin encore épargné, la direction du vent.  Les flammes surgissent au milieu des herbes sèches, à droite et à gauche, quand soudain, des hurlements de douleur presqu'humains  traversent l'espace et me tétanisent , me glacent, puis un autre, plus grave lui succède à quelques dizaines de mètres de moi... J'ai bien sûr tout de suite pensé à une guenon-chimpanzé et son petit, piégés par la monstruosité des hommes.
  Mais je dois avancer encore, impossible de reculer. Devant, le chemin a l'air dégagé, les flammes sont tout autour de moi. Je cours vite malgré mon sac-à-dos, zut le chemin est barré par des feuilles sèches en flammes. Sans réfléchir, je saute par-dessus et cours... Je me retourne, c'est fini, le danger est derrière moi. Je suis en nage, en larmes, le coeur en folie.
   Les arbres chauds, dénudés, fumants laissent couler des larmes de cendre et baignent dans une mare de pleurs gris

      

  

               

 

Mes sanglots semblent flotter dans l'air, me lavant des douleurs de ce monde souffrant, impuissants à calmer mes soupirs, ma tristesse, ma révolte et mon désespoir.

 

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 13:38
Le premier tronçon Bafoulabé-Manantali fut riche en relations humaines, découvertes et épreuves en tout genre. Peut-être était-ce la nouveauté ?
La deuxième partie Manantali-La frontière fut plus la routine dans des contrées plus que pauvres avec peu de contacts humains.
Les paysages variés sont ma seule distraction : "montagnettes", collines, forêts de bambous, passages épiques de rapides, rochers ou sable, malheureusement souvent défigurés par des feux de brousse laissant derrière eux des plaines noircies, des arbres calcinés, des termitières-champignon vides devenues cimetières, et combien d'insectes et petits animaux calcinés, réduits en cendres ?
La grande déception, c'est l'absence de toute faune : il n'y a plus d'animaux sauvages au mali, à part dans les réserves ou parcs nationaux. En 200 km, j'ai vu exactement trois rats-palmistes (écureuils gris rayés de noir).

rats-palmiste.jpg

C'est tout. Restent les oiseaux, peu de rolliers mais des perroquets vert-fluo, des petits calaos à bec rouge, des merles métalliques au plumage moiré bleu-vert et même chose rare, un très bel aigle-pêcheur.

fisheagle.jpg
Et partout, la pauvreté en lambeaux de haillons, l'analphabétisme, l'ignorance qui ont rendu les humains plus inhumains que les animaux… la malnutrition, le manque d'hygiène et de soins ont augmenté gravement le taux de mortalité infantile ainsi que l'excision toujours pratiquée à grande échelle. Mais qu'est-ce que la vie d'un enfant ici ? RIEN…
Les éléphants, les grands singes ont plus de tendresse et d'attentions envers leurs petits…
Et aussi, ces "marabouts-escrocs", exploiteurs d'enfants-talibés qui leur sont confiés, la honte de l'Afrique.
Et aussi, ces écoles-fantômes qui n'en n'ont que le nom = constructions de paille, de bancs sans bureau, juste un tableau…
Ils ont bien du mérite ces enseignants, esseulés, déracinés - sans leur famille restée à Kita-, déprimés pour certains et sans aucun matériel pour "éduquer".
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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 10:10
            Ca y est, j'y suis ! Ce jour tant attendu est arrivée…
 KOULOUBINDOUGOU, c'est la frontière enfin, à trois kilomètres près.
            Mais de douaniers, point ; de poste, point ; de gendarmes, point !... Alors visa, passeport... on verra ça plus tard. C'est le bout du monde ici. Ca doit y aller en trafics en tous genres !
            Je suis reçue par le directeur de l'école (en dure celle-là) ! Avec les trois autres enseignants bien sympas.
            Le Bafing est là, tout près, à quelques dizaines de mètres. Trois jours de repos et le départ est prévu le lundi 10 décembre…
            J'en profite pour préparer le tronçon suivant avec les autochtones qui connaissent bien le coin.
            "LA FRONTIERE-LA SOURCE" 400 km ? Aucune idée : je sais seulement que ce ne sera pas aussi facile : des parcs, des mines d'or, des cascades, des montagnes ...
  Et le physique et le mental dans tout ça ?
Toujours quelques petites tensions dans le métatarse gauche et une ampoule au pied droit, le tout guéri en trois jours. J'ai bien trouvé mes limites et mon rythme. Pas plus de 10-12 km par jour et pas plus de 4 km/h: facile de calcul : ¼ d'heure = 1 Km ! C'est régulier. Je vérifie de temps en temps au GPS (Encore merci Stéphane de Clermont Ferrand).
        Je n'ai pas vraiment repris de graisse, aussi la ceinture du sac-à-dos sur les hanches, les bretelles sur les clavicules et les coussinets dans le dos me font-ils un peu souffrir au bout de quelques kilomètres et nécessitent la mise en place de protections; le positionnement du sac à dos est tout un art. Le moindre pli du tee-shirt ou du pantalon blesse douloureusement. Cela me rappelle les bandages sur l'œdème de mon poignet opéré en janvier dernier !
      Avant, j'étais assez méticuleuse, je suis devenue pointilleuse, maniaque, plein de "toc"... ma survie dépend de ce que je porte. Aussi, l'ordre et le rangement sont-ils primordiaux dans ce genre d'expédition. Pouvoir retrouver ce qu'on cherche du premier coup, cela peut être vital. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place !
    Quant au moral ?
 Au beau fixe comme le temps ! On me disait fragile ? J'avance inexorablement vers mon but, ma source ! Bien sûr je traverse des épreuves, mais chacune me rend un peu plus forte, un peu plus lucide. Tout devient limpide, même les railleries, les humiliations, l'humour à deux balles ! Tout à un sens…
     Et le "palu" dans tout ça ? Un lointain souvenir qui m'a laissé un goût amer et quelques kilos en moins… Après avoir découvert, avec stupéfaction, qu'il existait, en Afrique :  le palu chronique, le palu des genoux, le palu donné par le maïs, l'huile, le piment ou la banane (authentique…) ! Eh bien moi, j'ai écopé du "palu de l'âme". Joli n'est-ce pas ? Il me fallait au moins ça !
 

 

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15 décembre 2007 6 15 /12 /décembre /2007 09:14
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                 fer à repasser                                                                                 balai 


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25 novembre 2007 7 25 /11 /novembre /2007 15:43

Kémoro SANGARE, ancêtre de le famille est aveugle et âgé de 94 ans. Son frère est mort l'an dernier à l'âge de 110 ans !!! C'était le chef du village de Sankola, village de Hamidou Sangaré, directeur de l'Ecole de Bakouroufata . 
Ce vieux, après les salutations et bénédictions traditionnelles," Amine, Amine " attrappe sa "cora" et commence à jouer pour moi des musiques lancinantes dont il m'explique les significations. Quelle émotion ! Assis sur sa natte, un sourire aux lèvres, les paupières tremblantes, il revit ce passé déjà si lointain.


La première musique est celle des chasseurs qui ont tué un lion ou un hippopotame. Il sourit de contentement et de fierté.

La deuxième est pour danser. Le rythme change, les doigts encore souples et agiles font sonner les cordes. Il rit...

La  troisième est pour le chef des chasseurs. Le ton devient grave, plus important: si par malheur, tu danses sur cette musique et que tu n'es pas chef, tu meurs ... no comment.

Le quatrième morceau est pour les ancêtres. Ils sont partout, toujours présents; instant de recueillement, un souffle de tendresse traverse la petite case et les notes s'envolent rejoindre les âmes...

On passerait des heures à écouter cet "ex-charlatan", (comprenez "voyant") à raconter et jouer la vie d'il y a 1 siècle !
C'était un grand voyant, mais depuis 14 ans qu'il est aveugle, il a laissé la voyance - ou est-ce la voyance qui l'a laissé...
 
SANKOLA et FANTA   3/11/2007 ( mon père aurait 103 ans aujourd'hui...)
 
Voilà le village des Sangaré, fondé il y a 120 ans par l'ancêtre, grand chasseur venu de Guinée. D'ailleurs beaucoup d'habitants ont le teint clair, les yeux bridés et les traits fins .

                                     












 

 
                                           
 
                                              
 
En ce temps là les hommes ne mangeaient que de la viande et le gibier foisonnait . Aujourd'hui qu'en est-il ? Pourquoi la pauvreté et la malnutrition ont-elles fait place à cette abondance ?
Faute d'une connaissance suffisante de la faune et du respect de la reproduction des espèces, d'une natalité galopante et incontrôlée,  des feux de brousse inconsidérés, l'équilibre de l'écosystème est complètement détruit, il n'y a plus de gibier, les céréales ont remplacé les protéines, les gros ventres et la mortalité infantile ont pris la place des enfants musclés et bien portants. C'est la culture du MAIS ! Maïs, ne me parlez plus du maïs, ne me donnez jamais plus de maïs, par pitié ! Farine de maïs, couscous de maïs, polenta de maïs, bouillie de maïs, jus de maïs, épis de maïs... matin, midi et soir...
Je suis reçue telle une reine ! Vous imaginez, la première femme blanche à mettre le pied ici ! (j'ai l'impression d'être les "dupond-dupont  dans on a marché sur la lune ! " là où la main de l'homme n'a jamais mis le pied !!! "
Et d'hommes blancs, ils n'en ont plus vus depuis... 1945 !!!
On m'apporte, non pas un, ni deux mais trois plats de "TÔ ", le plat national à base de... maïs ou de fonio.
Un des fils Sangaré ne me quittera pratiquement pas pendant les 4 jours de mon séjour. Toujours attentif au moindre de mes souhaits ou envies, traduisant pour moi, prenant des photos avec moi, me soignant lors de ma crise de foie (encore ma gourmandise : je me suis gavée de beignets, alors que je ne digère pas l'huile...) Merci Tierno.


Mais le clou, ce fut la fête organisée en mon honneur et mon "baptême". Avec les griots invités pour l'occasion, des chants des danses, tout le village est là et je danse avec eux jusqu'à minuit passé !! Tout le monde est étonné et ravi de me voir danser avec les femmes ou seule, si naturellement ! Je me suis régalée. Inoubliable soirée !



                     






















                                 

















Me voilà devenue FANTA SANGARE, petite fille du célèbre peulh, venu
 de Guinée, grand chasseur, guerrier et esclave...
 
L'EPREUVE du SABLE et MANANTALI
 
Fin du premier tronçon, 120km, 2 semaines
  Mais avant d'y arriver, je dois affronter 6 km de piste de sable brûlant, toujours entre ces hautes herbes avec des picots qui s'infiltrent entre la peau et le tee-shirt, entre les bretelles ou la ceinture, bref qui vous mettent la peau en feu ! Encore !
  J'ai connu le sable en Mauritanie, en 4x4 ou à St Louis du Sénégal, au bord de l'Océan, mais là, en tong, comme dirait une amie, c'est "otte chose" !!!
  Je pense à ce français, ethnologue, Philippe Frey qui a marché du Caire à Nouakchott en Mauritanie, seul avec un chameau...J'ai lu son livre  "Nomade Blanc" il y a fort longtemps et il m'avait fortement  impressionnée .
  Il y a des "fous " de déserts...
  ll y a les fous de neige et de glace, suivez mon regard, c'est Stéphane Guist'HAU...
  et les fous ordinaires comme moi, de soleil, de pauvreté...

  Dans le sable et en règle générale, en brousse FERMEZ TOUJOURS LA BOUCHE !
   En plus aujourd'hui il y a du vent, ça rentre de partout, vous courbez un peu plus l'échine, vous cherchez un peu de sable dur, de petites pistes parallèles, peu fréquentées.
  Et à Dilouma, petit village de rien du tout, une femme m'emmène par la main, me sort une natte, un drap un oreiller et pendant que je m'assoupis me fait cuire 5 poissons tout frais péchés sans huile ! Un rêve !
                                 Ma couche à Sankola

                                  Adieu Fofana...









 

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18 novembre 2007 7 18 /11 /novembre /2007 15:09

L'EPREUVE du FEU

Après les feux de la rampe, ce sont les feux de la route : les pieds en feu, les joues en feu, les ampoules de feu, les feux du soleil, le "feu de Dieu" ...
Cela fait 9 ans que je marche en TONG et qu'est-ce qui m'a pris, le jour du départ, de mettre mes chaussures de marche , trop petites pour moi ??? Le résultat ne s'est pas fait attendre : au bout de 7km, les échauffements ont commençé. Alors on arrête tout, on enlève tout, trop tard ! Trois ampoules sous la plante du pied droit ! Oh rage, oh désespoir!ça commence mal ! Bien fait pour moi, ces chaussures je les troquerai à Manantali. En attendant il faut se soigner et les porter. Je vais essayer les pansements "compeed" de Djibril. Ah, cela me rappelle les escalopes dans les chaussons de danse à l'Opéra ! Ca ira pour finir la première étape ! Moi qui ai fait tellement attention à mes pieds depuis des mois, les huilant, les crèmant. Tout est anéanti en un rien de temps ! Je peste contre mon moi-même intérieur .
 
LES HIPPOPOTAMES de FAROTO
 
Cette halte forcée de 3 jours pour cause d'ampoules m'aura permis de les rencontrer. Depuis Bafoulabé et sa légende de Sadio, j'en entends parler : " Il y en a en pagaille, ils sont en haut, ils sont en bas, les pêcheurs les ont vus "ce matin" bref, ils sont partout mais je ne les vois jamais. Je finissais par croire à un mythe !
Eh bien, non, je les ai vus ! A 4 km de Farotodes pêcheurs nous ont indiqués où ils se trouvaient. Une vieille pirogue cachées dans les hautes herbes nous attendait pleine d'eau... heu, il faut monter là-dedans ? je sais nager mais mes appareils... Bon, pas le choix ! A quelques encablures, effectivement, 4 hippos ("malo" en malinké) flottaient entre deux eaux comme dans les reportages, mais cette fois c'est moi qui suis le reporter !!!
On se rapproche, les 4 paires d'oreilles s'orientent dans notre direction car ils sont très curieux, L'un d'eux sort un peu plus de l'eau peu profonde et nos deux piroguiers pris de panique, s'éloignent en pagayant rapidement : ils me racontent que des hippos chargent les pirogues. Or des pêcheurs m'ont assuré qu'ils n'étaient agressifs qu'en deux circonstances : blessés ou avec leur petit.
Bref, je les ai vus et photographiés : impressionnant de voir ces énormes mammifères marins dans leur milieu naturel. 
 
BAKOUROUFATA et l'EPREUVE de la BOUE  31/10/2007
 
J'avais le choix : soit continuer directement à Manantali par la latérite, soit bifurquer et m'enfoncer dans la brousse au bord des méandres du Bafing. J'ai choisi évidement la deuxième option!
Il a plu toute la nuit, ce matin tout est détrempé, le ciel est encore noir et chargé de lourds nuages menaçants. Le chef du village et une troupe d'enfants gelés, m'accompagnent jusqu'au petit marigot à la sortie du village. J'avance lentement, me frayant un passage au milieu des hautes herbes affaissées sur la piste étroite. Un coup à gauche, un coup à droite, pour éviter les ornières de boue, je suis loin de mes 4km/h de moyenne !!! Je suis vite trempée jusqu'aux cuisses ! Et je finis par glisser et tomber à genoux dans la gadoue, les tongs collés et disparus au fond ! "La gadoue, la gadoue" c'est pas une chanson de gainsbourg ça ???
Les éléphants et les cochons se roulent dans la boue, non ?? Alors je continue pieds nus, dans la BOUE ! Ca me fait même du bien à mes ampoules en voie de cicatrisation !  Plus j'avance, plus je m'enfonce dans la brousse dense. Les sorghos font plus de 3 mètres de haut et je suis seule !! 
J'en rigole ! 
Le soleil a eu vite fait de me sécher et me réchauffer. J'ai lavé et remis mes tongs, les hameaux qu'on m'a indiqués se succèdent : Djoudjou, Mansonkolo, Badala, Famafélé, Sékoto, Diallabana et enfin Yilimalo, juste avant le village de SANKOLA où je suis attendue !
 
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15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 19:58

               Eh bien, ça y est je l'ai fait ! Là, on ne fait plus la mariolle, départ sans tambours ni trompettes dans le froid du petit matin.

Cette piste en latérite rouge me rappelle celle du Grand canyon du Colorado avec ma fille âgée de 2ans et demi, il y a 27 ans jour pour jour ! Poussière rouge qui vous envahit les narines, chaleur intense ...
Ca chauffe dur, certaines personnes s'arrêtent, font un bout de chemin avec moi...
Les premiers km sont faits d'interrogations, de pourquoi, de comment ai-je fait pour en arriver là ? La situation ne manque pas de piquant ! Mais je suis heureuse d'être là ! Le destin (appelez ça comme vous voulez !) m'aura joué bien des tours et des détours et tout en marchant je vais avoir bien le temps d'analyser, revivre ou comprendre, s'il y a quelque chose à comprendre, le parcours pour le moins original de ma vie !!!
Plus rien ne fait d'interférences, plus de pollutions extérieures, plus de larsen, le cerveau se vide, la conscience se fait actuelle, présente, attentive, ouverte à la nature qui m'entoure et qui prend le dessus sur tout le reste : les Rolliers d'Abyssinie (cf. "la Mascotte" ) me font une haie d'honneur et m'accompagneront jusqu'à Manantali, papillons et insectes inconnus, sifflements et crissements variés, chants des oiseaux que je m'efforce de reconnaitre, bousiers se hâtant de traverser la piste en poussant leur boulette , je revois "microcosmes", énormes iules écrasés et transportés en  tronçons par des hordes de fourmis, oiseaux fracassés par le pare-brise d'un 4X4 trop pressé. Et en toile de fond, le BAFING ! Quand je l'ai aperçu, la première fois, j'ai pensé : "A nous deux, maintenant !"
C'est mon ami enseignant  de Bafoulabé qui aura eu le mot du départ : "Tu entres dans un village, tu salues, tu t'assois, tu dis merci quand tu pars !". Et c'est comme ça que ça se passe, Le soir  dans ces lieux inconnus, sous les étoiles exactement, "l'immuabilité et l'immensitude" ont un sens tout particulier...
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